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Marie Élizabeth de Ramezay (1707-1780)

8 mars 2022
Marie Élizabeth de Ramezay (1707-1780)

Marie Élizabeth est la fille de Claude de Ramezay, gouverneur de Montréal, seigneur de Sorel, Monnoir et Ramezay, lieutenant et capitaine dans les troupes de la marine, gouverneur de Trois-Rivières et de Montréal, gouverneur par intérim de la Nouvelle-France, de 1714 à 1716, et de Marie Charlotte Denys de la Ronde. Elle est née à Montréal en 1707, dans la magnifique résidence de fonction de la rue Notre-Dame, érigée par son père deux ans plus tôt en 1705.

On sait très peu de choses de ses jeunes années, si ce n’est qu’avant son mariage à un âge avancé pour l’époque, elle aurait vécu avec ses deux sœurs célibataires, Angélique et Louise, et sa mère Charlotte qui l’auraient initiée à la gestion des affaires familiales, ce dont plus tard elle sait tirer grand avantage. Elle épouse Louis de La Corne de Chapt dit l’Aîné le 1er septembre 1740 : elle est âgée de 33 ans. Militaire de carrière, ce dernier est promu lieutenant dans les troupes détachées de la Marine en 1733, puis capitaine en 1744. De ce fait, il est affecté dans l’un ou l’autre des forts et postes de traite du Pays d’en-Haut : Michilimakinac en 1745-1747, fort Carillon en 1755-1756. Il est mis à la retraite à demi-solde en 1758.

Par sa naissance et son mariage, Élizabeth de Ramezay appartient à la haute noblesse coloniale. Elle fait partie de la « bonne société montréalaise » et du gratin de Québec. Elle gravite dans l’entourage des intendants Hocquart et Bigot ; elle fréquente les salons et entretient de bonnes relations durant les absences de son mari. Le 14 juin 1749, Mme de Bégon écrit avec une touche sarcastique « La nouvelle de l!arrivée de M. l’Évêque, cher fils, vient de faire partir tous les La Corne pour aller au-devant de lui. Il a l!abbé chez lui qu’il a fait chanoine [juillet 1747], de façon qu’il va se trouver entouré de toute les cornes de Canada. Je t’avoue que ces gens sont fort remplis de leurs richesses [...] ». Il s’agit de l’abbé Joseph-Marie de La Corne de Chapt, frère de Louis l’Aîné et beau-frère d’Élizabeth.

Durant cette période et après la mort de son époux en 1763 jusqu’à la majorité de son fils Louis en 1772, Élizabeth s’implique dans la gestion de la seigneurie. Elle est seigneuresse en titre, entièrement autonome et affranchie de la tutelle de son mari. Elle signe les documents « de Ramezay LaCorne ».

De 1763 à 1772 donc, Elizabeth administre de main de maître la seigneurie de Terrebonne et ses augmentations des Plaines et de Lacorne, un vaste territoire de près de 10 km de front, depuis la rivière Jésus ou des Mille Îles, sur près de 30 en profondeur, soit 300 km2. Elle concède des terres, loue les moulins dont elle retire de substantiels revenus, s’assure de mettre le censier à jour. Elle supervise l’expansion du bourg dont elle trace probablement le premier plan d’urbanisme avant la lettre : elle autorise le lotissement de la terre de Jean-Baptiste Dupré à la limite est du village, sur laquelle sont tracées les rues Sainte-Marie et Saint-André, depuis le chemin royal (rue Saint-Louis actuelle) jusqu’à la rivière. Ce plan aujourd’hui disparu a été mis à jour en 1804 par Henry Mackenzie, alors agent de la seigneurie pour le compte de Simon McTavish.

En 1777, deux ans après le décès de son fils Louis lors du siège du fort de Saint-Jean par les troupes coloniales « américaines » en révolte contre la Grande-Bretagne, Mlle de Ramezay, veuve LaCorne, confie par procuration l’administration de la seigneurie à son gendre Pierre-Paul Margane de Lavaltrie, qui a épousé sa fille Marie Angélique en mars 1766, s’alliant ainsi à d’importantes familles de la noblesse canadienne. Affaiblie par la maladie, elle vit à Montréal depuis 1772, au pensionnat des Sœurs de la Charité de Mme d’Youville, dont elle a été la bienfaitrice. Elle termine ses jours au manoir de Lavaltrie, où elle vit depuis 1778, auprès de sa fille et de son gendre. Elle est inhumée sous le banc seigneurial de l’église Saint-Antoine, le 4 décembre 1780.

Source : Claude Blouin, historien


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